Cela faisait presque un an que j’étais partie.
Et il faut bien le dire, ces montagnes, cette culture, cet état-d’esprit, cet environnement particulier à la frontière de trois pays, me manquaient terriblement.
Comme une bonne résolution de début d’année, j’ai donc décidé de retourner en Autriche.
Je suis allée passer deux semaines à Dornbirn, dans ma région adorée du Vorarlberg.

Comme un retour à la maison
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Je roule déjà depuis plusieurs heures sur les autoroutes de Suisse.
Je viens de passer St Gallen, quand enfin j’entrevois l’horizon du lac de Constance.
Je me remémore tous les moments passés au bord du lac.
Lindau, Bregenz, Rorschach… Des villes liées à des pays différents mais qui se rassemblent autour d’un seul et même lac.
Encore quelques kilomètres et je discerne enfin ces reliefs du Vorarlberg qui ne me sont pas inconnus.
J’ai l’impression de rentrer à la maison.
La vie du côté des montagnes
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Dornbirn n’a pas vraiment changé.
Les montagnes sont toujours à leur place habituelle.
L’ambiance est toujours la même.
Je retrouve vite les vieilles habitudes dont je me réjouissais au quotidien.
Passer un peu de temps avec des amis français, australiens ou allemands, eux aussi expatriés pour le travail.
Me balader au marché et aller bruncher dans mon café préféré.
Contempler le coucher du soleil en haut de la montagne qui n’est qu’à quelques minutes de marche de la maison.
Partir à l’ascension de tous ces sommets qui me font de l’œil.
J’ai l’impression que lorsque nous vivons à la montagne, nous avons l’opportunité d’appréhender notre quotidien d’une toute autre manière.
La grandeur des paysages et la promiscuité de la nature, nous invitent à prendre du recul et à être plus attentifs à notre existence.

Je m’en vais au lac Lünersee
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Aujourd’hui, je m’en vais découvrir le lac Lünersee sous son manteau de neige.
Il y a deux ans et demi, en plein mois d’août, je découvrais les charmes du lac après une longue randonnée entre les monts Zimba et Kichlispitzen.
J’étais surprise par la beauté naturelle du lac qui a pourtant été aménagé ces cinquante dernières années.
Maintenant, je me demande à quoi il pourrait bien ressembler dans un décor de blanc immaculé.
Il existe au moins trois façons de rejoindre le lac : en passant par Vandans, Tschagguns ou Brand.
Je décide de prendre le chemin le plus court : Brand.

Au petit matin sur des chemins enneigés
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Malgré l’épaisse couche de neige qui est tombée ces dernières semaines, le sentier est dégagé.
Je chausse mes raquettes et m’engage pour une randonnée de deux – trois heures jusqu’au lac.
Le temps est clair mais le vent souffle terriblement fort.
Il s’engouffre partout.
Envoie valser les branches des sapins.
Soulève la poudreuse et agite des sommets d’habitude si paisibles.



À la poursuite des marcheurs
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Je dépasse le dernier refuge.
La station du téléphérique ouverte de mai à octobre est bien silencieuse.

Une décision à prendre
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Je regarde le dénivelé devant moi et me demande s’il est possible de continuer.
Un pas devant l’autre je monte prudemment en altitude en suivant la direction du lac.
Mais les signes manquent.
Probablement enfouis sous les mètres de neige.
Et les éboulements épars me font douter.
Je suis tiraillée entre l’envie de découvrir ce magnifique lac gelé, probablement désert, et la peur de m’engager dans un passage dangereux.
Je prends conscience de mon inexpérience et après de longues minutes, décide de rebrousser chemin.
Sur le moment, il n’y a rien de plus frustrant que de choisir de renoncer.
Maintenant, avec le recul, je sais que j’ai pris la bonne décision.
Des conditions météo défavorables, une mauvaise connaissance du terrain neigeux, un mauvais équipement ou tout simplement un passage dangereux, il faut parfois apprendre à faire confiance à son instinct plutôt qu’à blâmer sa peur.



Au final, ces moments de randonnée ne sont pas que de simples balades contemplatives. Ce sont de véritables expériences de vies. En évoluant dans la nature, on en apprend beaucoup sur soi, ses doutes, ses envies, ses rêves, ses peurs. C’est un moyen de les rencontrer, de s’y confronter et peut-être de réussir à les apprivoiser petit à petit.
