Il y a longtemps que je voulais écrire au sujet de ce voyage en Inde que j’ai fait il y a 4 ans. D’autant plus que ces derniers temps, je ne cesse de repenser avec nostalgie à ces moments vécus. J’ai même de plus en plus envie d’y retourner.
J’avais souvent entendu dire “l’Inde on adore ou on déteste”.
On m’avait raconté des récits de personnes qui n’avaient pas supporté leur voyage à cause de la différence culturelle et de l’apparente pauvreté. De mon côté, j’imaginais l’Inde comme un pays mythique, une terre mystérieuse, lointaine et contrastée. J’ai toujours été plutôt attirée par ce pays, sans en faire une obsession, mais au final c’est tout à fait par hasard que je me suis retrouvée à voyager en Inde cette année-là.

Ce voyage innattendu en Inde
Pour vous raconter toute l’histoire, il se trouve que ce voyage en Inde n’était pas du tout prévu. À la base, je devais voyager 3 mois en Chine avec Pierre. Mais le vol de mon passeport au lendemain de mon arrivée à Shanghai (oui, c’est pas de chance) a tout fait changer. Mon séjour en Chine a été écourté de 2 mois pour des raisons de nouveau visa. Bien entendu, j’étais extrêmement déçue car ce voyage, je l’imaginais depuis des mois. Nous avons donc réfléchi à ce que nous aimerions faire à la place et l’Inde est arrivée rapidement dans nos favoris.
C’est ainsi que sur un coup de tête, sans rien programmer à l’avance, nous avons pris deux allers simples pour Delhi.
Nous ne nous attendions à rien pour ce voyage en Inde. Nous pensions d’abord pouvoir faire le tour du pays en 2 mois. Finalement nous avons révisé notre itinéraire à la baisse en décidant de nous rendre uniquement au Rajasthan et dans le Nord de l’Inde. Même si nous savions quelles régions nous souhaitions visiter, nous n’avions réservé aucun hôtel ni moyen de transport. Nous avons simplement emporté avec nous le fameux Lonely Planet qui ne nous a pas lâché d’une semelle. Je crois que nous avions besoin de liberté et surtout de nous laisser porter par nos rencontres et nos envies.

Passer du choc à l‘émerveillement
Delhi fut un choc. Nous sommes arrivés de nuit à notre hôtel dans le vieux Delhi. Le lendemain matin, nous avons découvert une ville bruyante, noire de monde, sale… Nous étions sollicités à de nombreuses reprises par les marchands de rue, les enfants… Je ne savais plus où donner de la tête et j’avais l’impression de me faire dépasser par les évènements. Nous avons fait quelques visites puis nous avons rapidement décidé de partir pour le Rajasthan. Nous avons fait part de notre itinéraire au réceptionniste de l’hôtel qui nous a dirigé vers une agence de voyages. Nous n’avions pas prévu de passer par une agence pour ce voyage en Inde mais nous étions tout de même curieux de voir ce qu’ils pouvaient proposer.
Une heure plus tard, nous ressortions de l’agence avec la réservation d’un itinéraire de 10 jours au Rajasthan avec chauffeur et nuits d’hôtel réservées. Nous ne savions pas bien à quoi nous attendre, mais le forfait n’étant pas excessif et l’idée de ne pas avoir à prendre les transports locaux nous rassurait aussi.






Départ pour le Rajasthan
Au début nous étions inquiets de voir que nos chambres d’hôtels étaient vraiment confortables alors que nous avions réservé le forfait le moins cher. Mais non, ce n’était pass une arnaque et ces 10 jours ont été fabuleux (Lire mon article « Oui, réserver ce roadtrip organisé au Rajasthan a été une très bonne idée« . Avec du recul, je continue à penser que nous avons pris une très bonne décision en réservant ce séjour guidé. Cela nous a permis de nous acclimater doucement au pays avant de voler de nos propres ailes pour la suite du voyage.
Le pays des maharajas vaut bien son nom. On se retrouve à découvrir d’anciens palais tous plus impressionnants les uns que les autres entre le Fort d’Amber, le City Palace de Jodhpur ou d‘Udaipur… J’ai adoré me balader dans les ruelles aux maisons bleues, boire des thés au lait dans la rue, manger des nans, dhals ou currys à chaque repas, me baigner dans le fleuve, observer la vie locale, voir toutes ces tenues traditionnelles aux différents motifs, découvrir des petits marchés et photographier toutes ces couleurs et toute cette vie qui me sautait aux yeux.


Le Rajasthan n’a cessé de m’émerveiller de jour en jour










Découvrir une nouvelle culture et apprendre à la respecter
Il y a tellement de choses à découvrir les premiers jours. De différences culturelles à essayer de comprendre et auxquelles s’acclimater..Quelle tenue porter ? Se couvrir les cheveux, ou non ? Avec quelle main manger ? À qui parler ? Comment se comporter dans une mosquée, dans un temple sick ou hindu ? Comment réagir avec les singes ou les vaches qui se promènent dans les rues ? Je me rends compte que ce circuit guidé m‘a aussi aidé à comprendre ces pratiques locales pour pouvoir les respecter autant que je le pouvais.
J’avais peur de faire quelque chose d’inaproprié culturellement. Toutes ces questions m’ont poussé à être continuellement attentive aux coutumes locale et à rester curieuse









S’ouvrir aux autres et recevoir en retour
Passées ces appréhensions, j’ai eu comme un déclic qui m’a poussé à ne plus avoir peur et à accepter les rencontres, les interactions et les sourires. Je ne saurais me rappeler de tous ces sourires mais je sais qu’il y en a eu beaucoup. En Inde, plus que dans d’autres pays, j’ai eu l’impression de vivre de nombreuses rencontres avec des habitants. J’ai l’impression qu’au fil des rencontres, j‘ai peu à peu réussi à sortir de ma zone de timidité et à apprivoiser ma peur de l’autre pour réussir à m’ouvrir aux autres. Tous ces visages, toutes ces discussions…
J’aime maintenant à penser que chaque rencontre a toujours quelque chose de nouveau à nous enseigner pour un peu qu’on y soit réceptif.







S’initier au lâcher prise
De retour à Delhi après ces plusieurs semaines au Rajasthan, nous avons réservé deux billets de bus à destination de Dharamsala dans le Nord de l’Inde. Dès notre arrivée, nous avons compris que n’étions pas simplement dans le Nord de l’Inde, mais au coeur de la culture Himalayenne. Encore une fois, il fallait repartir presque de zéro pour essayer de comprendre cette nouvelle culture.
Dharamsala a beau être le lieu de rendez-vous de tous les voyageurs (ou presque) il y règne une ambiance très appréciable. J’y ai trouvé un juste milieu entre la culture locale et la culture étrangère. Nous avons finalement décidé d‘y rester plus longtemps pour profiter des activités proposées et d’un peu de nourriture occidentale (Une petite tranche de gâteau au chocolat ça ne se refuse pas de temps en temps :D).




Pendant ce temps à Dharamsala
J’ai décidé de participer à un stage de yoga Iyengar de cinq jours. C’était un peu cliché mais aussi la parfaite occasion. Ces heures de pratiques matinales étaient vraiment intenses. Au final, j‘ai appris bien plus que de simples postures et étirements. J‘ai aussi appris à faire travailler mon esprit d’endurance et mon lâcher prise.
Je crois que ce stage de yoga, m’a finalement permis de comprendre que la peur que j’avais ressentie, les premiers jours à Delhi n’était qu’un manque de lâcher prise. En débarquant en Inde, rien ne ressemble à ce que l’on connaît. Et si on ne cesse de tout comparer à sa propre culture, on se heurte à un mur.

J’ai appris que face à toutes ces nouvelles choses, parfois difficiles à vivre, il fallait essayer de lâcher prise. De ne pas résister pour mieux en profiter.

Se former à la lenteur
La route jusqu’au Ladakh fut longue et quelque peu éprouvante mais tellement belle ! Nous avons passé 72 heures (avec une pause d‘une nuit) dans des bus locaux, à serpenter les montagnes d’une des routes les plus dangereuses au monde. Même s‘il est possible de rejoindre Leh par avion, je n’ai pas regretté une seconde ces très longues heures de bus inconfortables à écouter des musiques indiennes (en boucle). Nous lisions, nous nous arrêtions parfois dans des petits villages pour boire un thé lait et discuter avec d’autres voyageurs et nous inventions toutes sortes de jeux pour éloigner l‘ennui.
Comme dit, dans un voyage ce qui compte ce n’est pas la destination mais le parcourt qui y mène.



Accepter les imprévus
J’ai toujours adoré photographier mes voyages, comme un oeil nouveau sur tout ce qui m’entoure. J’essaye d’en détacher ce que j’en perçois de plus beau. En Inde, il y avait beaucoup à photographier ! Malheureusement, pendant que nous faisions un trek dans la vallée de Marka, j’ai perdu toutes les photos de ma carte mémoire. J’ai eu beaucoup de mal à accepter qu’un mois de photos et de souvenirs soient effacés par erreur. Mais au fond de moi j’ai toujours une petite voix qui me dit que les choses n’arrivent pas par erreur.
Je pense que cet épisode est arrivé là pour me forcer à me détacher du matériel et voir que le principal est ailleurs
Pour relativiser et lâcher prise sur toutes les choses que l’on ne peut pas maitriser. Et encore aujourd’hui, à chaque fois qu’il m’arrive quelque chose, j’essaye de relativiser et d‘en tirer le positif.




Tout ce que ce voyage en Inde aura éveillé en moi…
En voyageant en Inde, j’ai aussi appris à lâcher prise sur les horaires, les prévisions, tout ce qui nous embête, nous choque, nous perturbe pour accepter l’imprévu, la nouveauté et accepter une culture à laquelle nous ne sommes pas habitués. À la fin de mon voyage, je suis retournée dans la même ruelle qui m’avait tant effrayée à mon arrivée à Delhi. C’était bien la même ruelle, mais elle ne m‘effrayait plus du tout , au contraire.
C’est là que j’ai compris qu’en deux mois de voyage en Inde, beaucoup de choses s’étaient éveillées en moi, tel un voyage initiatique. Toutes ces expériences, rencontres et remises en question m’ont finalement permis de vivre pleinement cette première rencontre avec l’Inde qui restera longtemps marquée en moi.
Camille
Mon dernier article : Randonnée au Parc du Gros Morne – Une nuit sur les sommets de Terre Neuve