Le Sichuan (prononcé « sechuan » en chinois) est une province du sud-ouest de la Chine qui a pour capitale Chengdu. La province est réputée mondialement pour sa cuisine, un brin épicée, et Chengdu fût même désignée en 2010 ville Unesco de la gastronomie. Le Sichuan est également une province riche en paysages divers et variés : forêts de bambous dans les environs de Chengdu, vallées alpines à Yading, parcs nationaux parsemés de lacs aux étendues translucides à Jiuzhaigou, pâturages à perte de vue sur les hauts plateaux de l’ancien Tibet, ou encore montagnes glaciaires aux dimensions vertigineuses. La province est également marquée par de fortes identités culturelles, telles que la culture tibétaine présente sur tout le plateau du Kham, l’une des trois provinces traditionnelles du Tibet historique qui couvre tout l’ouest de la province.
Dans le Far Ouest du Sichuan
Qu’est-ce qu’il faut visiter au Sichuan ? Pour ce nouveau séjour en Chine, j’ai décidé de sortir des sentiers battus et de partir à la découverte de cette région du Kham justement. Je vous livre mes carnets de voyage.

Première étape : rejoindre le sud du Sichuan depuis le nord du Yunnan - De Benzilan à Litang
Depuis notre point de chute à Benzilan au Yunnan, nous tentons de rejoindre la cité de Xiangcheng au Sichuan. Le route n’est pas très fréquentée à cette période de l’année : il y a quelques jours, elle était encore fermée pour cause d’instabilité politique . Il faut savoir que nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière du Tibet chinois et qu’il peut donc y avoir quelques tensions durant le mois de mars qui commémore l’anniversaire du soulèvement tibétain de 1959.
Nous empruntons donc un taxi collectif. Le trajet est semé d’embûches : nids de poule, routes en terre, portions écroulées… Il faut dire aussi que nous ne passons pas par l’axe principal Shangri-La / Xiangcheng qui rejoint le Sichuan. Néanmoins, les décor de paysages qui défile sous nos yeux est captivant. Nous entrons à l’intérieur d’un canyon modelé par des roches tranchantes qui s’étirent vers le ciel et dont la base est colorée par le lit d’une rivière tranquille aux eaux turquoise et opaques. Certaines section de la route se sont effondrées, quelques mètres plus bas et parfois, des éboulis de roches encombrent la voie. Nous comprenons rapidement que la beauté du ce cadre exceptionnel n’a d’égal que sa dangerosité.
Après ce passage périlleux, nous traversons un territoire plus accueillant : des bâtisses traditionnelles tibétaines en pisé, aux formes de trapèze et peintes de rouge, de noir et de blanc, se regroupent au sommets de collines dont les terrasses verdoyantes et fertiles contrastent avec l’aridité des montagnes poussiéreuses qui les entourent. Nous avons l’impression d’atterrir dans une zone coupée du monde, comme si la barrière de ces monts édifiants avait pu éloigner villages et familles de toute infrastructure urbaine et connexion avec la modernité.
Nous faisons un arrêt pour la nuit à Xiangcheng. La ville nous étonne par sa modernité : ses boutiques de vêtements branchées, ses magasins de technologies, sa place centrale, grande et propre et le nombre de jeunes se baladant dans les rues. Nous nous établissons dans le premier hôtel que nous trouvons. Nous ne restons ici qu’une nuit avant de partir pour Litang avec le premier bus de la matinée.





Nous prenons le bus de 6h30 pour Litang. En chemin, le climat change brutalement : nous passons d’une vingtaine de degrés à un environnement enneigé avoisinant les 0 degrés. La route à flanc de montagne, qui zig zag jusqu’au sommet est recouverte de plusieurs centimètres de poudreuse. Nous atteignons bientôt les 4700 mètres d’altitude au col de Daocheng quand la vue se débouche enfin, nous laissant entrevoir une partie de ce décor monochrome. Dans le bus un bébé pleure, d’autres passagers ont certainement le mal des transports. Les virages s’accumulent mais ne se ressemblent pas. En redescendant dans la vallée, les collines se font plus épaisses. Des taches sombres des sapins viennent recouvrir les collines, telles des mosaïques disparates.
En avançant toujours plus bas, le tableau s’enrichit de tons ocres apportés par la terre dénudée. Litang n’est plus qu’à quelques kilomètres de distance mais notre déplacement semble s’éterniser. Il faut dire que les conducteurs de bus sont assez prudents dans cette région et dépassent rarement les 70 km/h.
Litang est enfin en ligne de mire. Posée au pied d’une montagne, la ville semble regarder en direction de la plaine qui s’étend librement devant elle. On ne peut pas dire que l’architecture de la ville séduise en premier lieu. Mais nous allons découvrir dans les 4 prochains jours que ce qui fait le charme de cette localité est en fait son histoire et sa position géographique.










Deuxième étape : direction les hauts plateaux de Tagong
Aujourd’hui, nous partons explorer la région de Tagong. Nous montons dans le bus de 9h au départ de l’ancienne gare routière de Litang dans le centre-ville. L’axe routier qui relie les deux villes ne fait que quelques 240 km mais le trajet nous semble interminable. D’un autre côté, nous avons ainsi tout le temps d’admirer les paysages qui défilent derrière les fenêtres. La route panoramique semble prisée des cyclistes et des marcheurs. Il en faut du courage pour gravir ses enfilades de virages pentus. Mais la vue récompense bien les plus téméraires.
Tagong, n’a en apparence rien de similaire avec Litang. Le bourg est pittoresque et semble beaucoup plus à même d’accueillir les touristes de passage. Dans notre planning, nous ne prévoyons de faire escale à Tagong que pour une nuit. La suite de notre périple nous conduira ensuite dans la vallée voisine, chez Angela qui tient un écolodge et un centre d’art et qui nous permettra de passer quelques jours dans le quotidien de nomades tibétains hors de sentiers balisés.





Troisième étape : en route pour Chengdu
Après une semaine de flâneries et de randonnées dans les hauts plateaux de Tagong, nous partons en direction de Chengdu par la route de Danba. Enfin nous perdons un peu d’altitude ce qui nous permettra de reprendre un peu notre souffle et de gagner quelques degrés. Mais avant cela, il nous faut encore passer le col du mont Qingcheng.
Il est 14h40, le bus apparaît enfin au bout de l’avenue principale de Tagong. Nous faisons signe au chauffeur qui s’arrête et nous laisse monter, nos bagages sur le dos.
La vallée étroite de Danba qui suit le cours de la rivière Dadu a un attrait touristique majeur : ses sentinelles en pierre datant parfois de plus de 1000 ans qui s’échelonnent sur les hauteurs d’une région renommée « le pays des mille tours ». Zhonglu et Jiaju sont deux jolis villages tibétains où il est possible de passer la nuit chez l’habitant et peut-être même dans l’une de ces tours de guet reconvertie en chambre d’hôtes spartiates.
Cet article du monde : « Danba, vallée modèle pour le Sichuan » présente très bien les atout majeurs de la région et ses défis pour l’avenir.
Non sans regrets, nous ne passerons qu’une seule nuit à Danba. Une entorse imprévue nous pousse à rentrer avec quelques jours d’avance sur Chengdu afin de reposer mon pied dans de meilleures conditions. Immobilisation obligée en attendant de prendre notre train de nuit pour Kunming puis notre avion pour Hong Kong. Je ne verrais donc pas grand chose de plus de la suite et fin de notre voyage.
Mais après toutes ces belles pérégrinations à l’ouest du Sichuan, je conclue ce séjour en Chine avec une multitude de merveilleux souvenirs en tête : des excursions dépaysantes, des paysages grandioses et ma première rencontre avec le peuple tibétain qui ne cessera sans doute de me fasciner et de me questionner.